CS | The
Ismaïliotes Memories
The Suez Canal
Museum |
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Discours
de monsieur Arnaud Ramière de Fortanier, président de l’Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du canal de Suez lors de la pose de la première pierre du Musée du Canal de Suez Ismaïlia le 17 novembre 2013 |
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Amiral et, si vous me le permettez, cher ami, | |||
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Dr Mohamed Ibrahim Ali Al Sayed, ministre des Antiquités, Dr Mohamed Saber Arab, ministre de la Culture : nous nous connaissons bien de longue date, depuis Dar el Koutoub où vous avez dirigé l’organisme du livre et des Archives ; vous m’aviez invité en décembre 2011 à participer à un grand colloque sur « Archives et Révolution », Messieurs les gouverneurs de Port-Saïd, Ismaïlia et Suez, Madame Nahed Rizk, directeur du Tourisme égyptien auprès de l’ambassade d’Egypte à Paris, représentant M. Hicham Zaazou, ministre du tourisme, SE l’ancien ambassadeur d’Egypte à Paris Aly Maher El-Sayed - à qui nous devons tant - maintenant conseiller diplomatique du Dr Ismaïl Serageldin à La Bibliotheca Alexandrina, Monsieur le colonel Valette, attaché Défense, représentant S.E. Nicolas Galey, ambassadeur de France en Egypte, Monsieur le président et les membres de la commission du Musée, Mme le Dr Dalila El Kerdany, directrice du département d’architecture de l’université du Caire, et M. François Guiguet, architecte à Paris, Madame Marie-Delphine Martellière, représentant le Professeur Jean-Yves Empereur, directeur du Centre d’Etudes alexandrines, M. Yeyia el-Sadr, président des Anciens Ismaïliotes, Cher Dr Ahmed Youssef, coordinateur infatigable de cet immense projet, le plus Alexandrin des Français, le plus Français des Egyptiens, M. Denis Simonneau enfin, membre du comité exécutif de GDF SUEZ, représentant du Président Gérard Mestrallet qui apporte son soutien ininterrompu à nos actions de valorisation culturelle franco égyptienne au nom d’une tradition que nous qualifions d’ « esprit de Suez ». La pose de la première pierre d’un musée du canal de Suez dans les anciens locaux historiques de la Compagnie universelle du canal maritime de Suez comble les rêves les plus utopiques des amoureux de l’Egypte et de la France, tant nos destins se sont croisés sur cette terre féconde, pas uniquement au temps de Bonaparte. Le pays des anciens Pharaons honore un travail pharaonique contemporain qui fait honneur à l’Egypte, à ses citoyens, à ses ouvriers, techniciens, marins, pilotes et ingénieurs, architectes enfin. On dit souvent : l’Egypte, un don du Nil Disons aujourd’hui, le Canal de Suez un don de l’Egypte. Vous avez choisi, amiral Mohab Mamish, la date du 17 novembre, anniversaire de l’inauguration de ce canal dont la « concession » - terme novateur » - avait été attribuée à Ferdinand de Lesseps pour 99 ans. Ce jour-là, à l’invitation du Khédive Ismaïl, les souverains du monde entier ont assisté éblouis à la jonction,en Egypte,de l’Orient et de l’Occident, nouveau Bosphore dédié à la paix et à la fraternité des peuples du monde entier. L’impératrice Eugénie avait été invitée à présider la cérémonie, en hommage à la contribution de la France à ce chantier inimaginable ; parmi les souverains invités, la présence symbolique de l’émir Abdel Kader. Le canal d’eau douce reliait l’ouvrage au Nil, et le chemin de fer achevait de féconder cette portion de désert à la limite du Sinaï : Port-Saïd, Ismaïlia, Suez, bientôt Port-Tewfick, Port-Fouad et même El Kantara rejoignaient les grandes villes de l’Egypte ; l’économie, l’industrie et l’agriculture recevaient un nouveau territoire d’une richesse inouïe. Bientôt deux situations apparemment antinomiques sont entrées en concurrence : la vocation internationale de cette grande voie de communication, et l’insertion dans le tissu national. L’intervention anglaise suivie d’une violente occupation militaire en 1882, a rompu le pacte ce coopération et d’amitié des premiers temps : très vite le canal est devenu le symbole du nationalisme égyptien. L’amiral Ahmed Fadel nous l’avait dit un jour : « vous autres, les fils du général de Gaulle, vous devez comprendre cela »… L’Histoire est passée par là, du colonel Orabi au président Gamal Abdel Nasser. Le génie de l’Egypte contemporaine, c’est d’avoir maintenant combiné admirablement ces deux vocations nationale et internationale. Nous, les héritiers, au même titre que vous, de l’ancienne compagnie universelle du canal maritime de Suez, nous sommes venus témoigner de la continuité de cet immense chantier, et le progrès inimaginables que l’Egypte a accompli sur le canal depuis qu’elle en a récupéré la maîtrise. Aux navires de commerce et de croisière ont succédé les pétroliers puis les porte-conteneurs. Nous voyons transiter aussi les nouveaux méthaniers de GDF SUEZ. Le monde et les Egyptiens eux-mêmes ne connaissent pas assez cela : il nous incombe de le faire savoir. La culture scientifique et technique apporte un regard novateur dans ce domaine : l’innovation est la clé de la compréhension de l’histoire du canal de Suez jusqu’à nos jours. Le béton précontraint a permis de construire la jetée et le phare de Port-Saïd ; le dessalement de l’eau de mer a été pratiqué dès les premiers temps ; l’utilisation systématique de la machine à vapeur a permis de résoudre le problème dramatique de la main d’œuvre : d’immenses grues et dragues à long couloir sont venu relayer la corvée supprimée après l’arbitrage de Napoléon III en 1863 ; sans elles cet énorme chantier de 160 km n’eut pas été possible ; et ces innovations technologiques dignes de Jules Verne ont servi sur d’autres grands chantiers du monde, sur les bouches du Danube jusqu’à Panama. C’est ainsi que l’héroïque fellah
qui travaillait à la pioche et aussi parfois à main nue
dans les marais, a vu lui succéder des ouvriers, marins et techniciens
égyptiens, bientôt pilotes et ingénieurs; exemplaire,
je voudrais ici rendre un hommage particulier à l’ingénieur
Ezzat Adel qui commença sa carrière à la Compagnie
universelle avant de devenir l’un des présidents de l’actuelle
Suez Canal Authority. C’est lui qui reprit contact à Paris
avec la nouvelle Compagnie financière de Suez : il utilisa alors
la belle expression que nous n’avons pas oubliée : «
Français et Egyptiens, c’est la même eau du canal de
Suez qui coule dans nos veines » |
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