The
Suez Canal Museum |
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Yasmina
Boudhar, muséologue
et muséographe |
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Yasmina Boudhar, muséologue et muséographe chez Aubry & Guiguet et diplômée de l'Ecole du Louvre à Paris, présente sa vision sur la programmation du nouveau musée du Canal à Ismaïliya.
Yasmina
Boudhar, muséologue et muséographe chez Aubry & Guiguet et diplômée de l'Ecole du Louvre à Paris.
Al-Ahram
Hebdo : Quel est le domaine d’activité du cabinet
Aubry & Guiguet Programmation ? Yasmina
Boudhar :
C’est un cabinet de conseils et d’études spécialisé dans le positionnement,
la programmation, les équipements des centres culturels, pédagogiques
ou didactiques... Créé en 1987, il fournit à ses clients un éventail
complet de conseils et d’études leur permettant de préciser le contenu
des projets envisagés. Pour nous, le musée est un lieu pédagogique et
populaire qui doit participer à l’épanouissement des villes. Notre cabinet
a réalisé 500 musées. J’ai moi-même participé à la création de 25 musées. — Pouvez-vous expliquer votre vision
du musée... — L’enjeu
international du musée c’est de communiquer avec tous les publics, de
créer un message autour d’une oeuvre qui est
peut-être incompréhensible. En deux mots, c’est un traducteur. — Comment cette notion sera-t-elle
appliquée au musée du Canal à Ismaïliya ? — Le musée
d’Ismaïliya interroge la biodiversité, la
science, la technique, l’art, l’histoire, le tourisme. Pour ce faire,
il faut créer un comité scientifique pour chaque domaine. Ensuite, il
y aura un filtrage pour écrire la programmation du musée afin de la
transmettre au grand public. Il faut donner la parole à tous : chercheurs,
comités, associations, individus, sociétés civiles... C’est indispensable
pour que le musée soit un lien de débat où la critique de l’histoire
est possible. — Comment l’histoire est-elle critiquée
? — Pour
ce musée, on a besoin des anciens comme des jeunes universitaires pour
comparer les expériences des uns et des autres. Nous voulons connaître
les réflexions justes sur la corvée des Egyptiens et la glorification
de De Lesseps oubliant les fellahs qui ont
creusé le Canal. La vision de l’histoire doit être changée. Il faut
s’attacher plus à la masse, aux anonymes de l’histoire. Le musée est
l’arbitre de toutes ces visions. — Où en est-on dans la construction
du musée ? — Aujourd’hui,
c’est la pose de la première pierre. On entre dans le noyau dur: un
travail de collecte d’objets et de témoignages, afin de pouvoir créer
un circuit de visite dans le musée, mais aussi en dehors du musée. — Des circuits hors du musée ? — On va
créer une application qui connectera le musée aux terrains, aux jardins,
au parc Al-Mahallah, aux plantes... on montre
la diversité. Concernant les témoignages, on va chercher un partenaire
pour effectuer des micros-trottoirs et demander aux citoyens de tous
les âges ce qu’ils aimeraient trouver dans le musée. On est à la démocratisation
de la culture à travers la science, la recherche et la diffusion. L’histoire
est un motif de fierté ! — Le musée sera-t-il économiquement
rentable ? — La culture
crée de la valeur, forme le citoyen, lui offre une ouverture d’esprit
et un développement humain. La culture est un investissement à long
terme. Ce qu’on doit faire c’est valoriser le patrimoine, créer un programme
d’échange et de bonnes pratiques... Il faut aussi sensibiliser les écoles
et les quartiers et valoriser l’ensemble des villes du Canal. — Comment le musée va-t-il s’adapter
au projet du nouveau Canal ? — C’est
une question qui bouleverse la démographie et la géographie de cette
région. Raison pour laquelle seront établies des connexions entre les
anciennes villes et les nouvelles. Le musée prendra cela en compte dans
sa programmation. — Qu’espérez-vous pour ce musée
? — Je souhaite
un musée participatif, dans le sens d’un lien de ressources, d’une voie
évolutive qui permettra d’actualiser les données pour les Egyptiens
et les futurs touristes. Il faut créer une nouveauté qui ouvre une zone
pionnière, avec au centre la notion du partage et de diffusion. |
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